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Très cher taux

par Me Vincent LEJEUNE, Rédacteur en chef adjoint

Ces dernières années, le taux d’intérêt légal ne faisait plus recettes

puisque celui-ci avait été fixé à 0,38% en 2011 avant de remonter à

0,71 % en 2012, et finalement de dévisser à 0,04% en 2013 et 2014.

ans ces conditions, l’intérêt de payer rapidement

ses dettes était nul et le procès judiciaire pouvait

être considéré comme un bon placement avec

lequel aucun établissement bancaire ne pouvait rivaliser.

Devant une telle absurdité, les pouvoirs publics ont réagi

et alors que la réforme avait été annoncée pour 2014,

celle-ci est finalement entrée en vigueur le 1er janvier

2015 par arrêté du 23 décembre 2014, dont l’article 1er

est rédigé comme suit :

«Pour le premier semestre 2015, le taux de l'intérêt légal

est fixé :

1°) Pour les créances des personnes physiques n'agissant

pas pour des besoins professionnels : à 4,06 % ;

2°) Pour tous les autres cas : à 0,93 %.»

Le changement est remarquable puisque trois

innovations sont à noter :

1 - La fixation n’est plus annuelle mais

semestrielle (à l’heure où cet article est mis sous presse,

les chiffres du 1er juillet au 31 décembre 2015 ne sont

pas encore connus) ;

2 - Désormais, ce sont deux taux qui sont

définis en fonction de la personne du créancier, selon

qu’il s’agit d’un professionnel ou d’un particulier ;

3 – Les taux qui ont été définis sont

particulièrement élevés par rapport aux années

précédentes,

à

hauteur

respectivement de 0,93 et

4,06 %, soit pour ce dernier

chiffre 100 fois plus élevé qu’en 2013 ou 2014 !

D’ailleurs, pour retrouver des taux supérieurs à 4%, il

faut revenir plus de 10 ans en arrière alors même que le

3 juin dernier la Banque Centrale Européenne relevait sa

prévision d’inflation pour la zone euro de 0 à 0,3% en

2015.

Rappelons également que le taux de rémunération du

livret A reste historiquement bas puisque celui-ci

demeure à 1% après que le gouvernement a refusé en

février dernier de descendre d’un nouveau cran à 0,75%.

Ainsi, après que les débiteurs ont été favorisés, ce sont

désormais les créanciers non professionnels qui le sont

tout particulièrement.

Un bémol néanmoins concerne le contentieux important

relatif à la contestation du taux effectif global (TEG)

sanctionné par l’application du taux d’intérêt

légal, puisque le particulier emprunteur, à compter du

1er janvier 2015, ne peut plus se prévaloir à l’encontre

de l’organisme prêteur d’un taux de 0,04 %, mais

seulement de 0,93 %.

D